1er Mai 2011

, par udfo24

Discours de Jacques Pauliat – Secrétaire Général de l’Union Départemtentale FORCE OUVRIERE lors du repas fraternel du 30 avril 2011 à St Pierre de Chignac

Mes chers amis, mes chers camarades en cette veille du 1er Mai 2011, au nom de l’Union Départementale, je vous remercie d’être venus si nombreux pour témoigner de votre solidarité envers l’ensemble des salariés.

Cette année, j’ai tenu tout particulièrement à marquer notre attachement, dans une période extrêmement difficile pour la classe ouvrière, aux valeurs, aux combats des « Communards » dont c’est le 140ème anniversaire.

Pour ce faire je vais vous proposer une modeste nouvelle, écrite dans le courant du mois.

Auparavant je voudrai dire quelques mots sur les nombreux conflits qui ont secoué et secouent encore bien des parties du monde.

Jamais ceux qui veulent retrouver leurs libertés, un travail, leur dignité n’ont été aussi bombardés, torturés et tués.

Jamais les syndicalistes n’ont eu autant à dire « liberté pour les peuples » et non à toutes les guerres où, au final, se sont toujours les plus pauvres qui paient le plus lourd tribut.

En Europe, le Président de la Banque Centrale qui est un des organes qui rythment l’Union Européenne économiquement et socialement affirmait il y a peu de temps qu’augmenter les salaires serait la dernière bêtise à faire en Europe ».

Venant d’un banquier rien de surprenant. Cette réflexion nous ne l’acceptons pas. Elle nous révolte quand on connaît le montant des bonus alloués aux banquiers.

Pour les patrons le compte est bon ;
 pour les entreprises du CAC 40 : 83 milliards de profit en 2010,
 un patron du CAC 40 gagne en moyenne 928 000 euros par an.
 allègements des cotisations patronales : plus de 30 milliards d’euros par an.

Pour les salariés le compte n’est pas bon ;
 pas de coup de pouce au 1er janvier 2011 sur le SMIC, 9 euros l’heure soit 1365 euros mensuels bruts. (environ 1000 euros nets).
 Pas d’augmentation de la valeur du point pour les agents de la fonction publique.
 8 millions de français sont en dessous du seuil de pauvreté avec 950 euros par mois et 2/3 ont moins de 750 euros pour vivre.
 80% des salariés de notre département sont rémunérés sur la base du SMIC (à 50 euros près du seuil de pauvreté).
 L’inflation est de 1,8%,
 Des propositions patronales d’augmentation des salaires lors des NAO sont trop souvent indignes, voire nulles et individualisées,
 des salaires minima de branche qui sont au mieux calqués sur le SMIC.

La seule solution passe par une augmentation des salaires.

La croissance et l’emploi passent par la consommation des ménages et par une réforme fiscale indispensable pour rééquilibrer la part fiscale de chacun et chacune.

Mes camarades il nous appartient de revendiquer partout des augmentations des salaires et une prime de transport pour compenser l’augmentation des dépenses d’énergie qui se chiffrent à plus de 8% des dépenses sur le revenu.

Avant de vous parler de la « commune » juste quelques mots sur les retraites et sur notre attachement aux valeurs républicaines. Pour FO le dossier n’est pas clos. Nous continuerons à réaffirmer notre détermination à ne pas laisser faire d’autant qu’en 2013 à la demande de la CFDT, s’ouvrira le débat de la retraite individuelle, porte ouverte au développement de la capitalisation et des fonds de pension.

Mes chers camarades Force Ouvrière ne renoncera jamais comme l’a réaffirmé notre dernier congrès confédéral, à réobtenir les 60 ans et la réduction de la durée de cotisation nécessaire, tout comme nous défendrons la répartition et le statut général de la fonction publique.

Cette veille de 1er mai est aussi l’occasion de rappeler notre attachement aux valeurs républicaines et à la défense des trois piliers de la République sociale que sont :

 de vrais services publics,
 les régimes de protection sociale,
 l’existence des conventions collectives nationales, des statuts nationaux.

Ces trois piliers sont aujourd’hui menacés par la RGPP et son cortège de suppression d’emplois dans tous les secteurs de la fonction publique.

Hommage aux communards

Mes camarades, l’histoire se passe dans notre département, près de la départementale 660, pour ceux qui ne connaissent pas l’endroit près de Montferrand du Périgord, entre Beaumont et Monpazier.

Nous avons rendez-vous avec Michel et Jean dans le petit village de Ste Croix.

Je ne sais pas si vous êtes passés par là, mais croyez moi cela vaut le détour.

Il y a un château du 18ème siècle habité par une princesse laotienne belle comme des crocus naissants, parfumée comme un bouquet de lilas mauve et une église romane du 11ème siècle peut être désaffectée où j’ai fait quelques haltes lorsque le soleil était haut.

Ce n’est pas pour vous parler de la princesse et de l’église que j’ai rédigé ces quelques lignes, bien au contraire.

Nous attendons, tels des maquisards, des messages de la capitale transportés par des pigeons ramiers.

Dans ce département exceptionnel rien ne se passe comme ailleurs, les messages qui nous sont destinés sont transportés par des pigeons qui donnent la maladie bleue à ceux qui les traquent.
Ils occasionnent des sueurs froides au directeur de la sécu qui voit les dépenses de santé augmentées avec l’accroissement des arrêts de travail sans compter ceux liés à la maladie du cèpe des bois et de la vigne.

Je ne vous l’ai pas précisé nous sommes au printemps de l’année 1871 et plus précisément le 22 Mai. Vous allez dire que le jacquot est fou. Pas du tout, nous attendons des nouvelles des copains de Paris avant de rejoindre ceux qui se trouvent à Bordeaux et à Limoges.

Le vol arrive et deux grosses « mères porteuses » sont au rendez-vous.

Pour la première fois en 1871, cette révolution ne ressemble à aucune autre ce qui en fait l’originalité et lui donne son intérêt particulier.

A sa tête se trouve des gens tout à fait inconnus, de simples ouvriers.

Ils assurent le ravitaillement de Paris, le secours aux indigents, la sauvegarde de la santé, la sécurité et la justice, l’ouverture et la laïcisation de l’école, la levée et la distribution du courrier, l’ouverture au public des musées et des bibliothèques.

Dès le 29 Mars, le Conseil de la Commune a formé en son sein dix commissions :

 exécutive, militaire, subsistance, finances, justice, sûreté générale, travail, industrie, services publics et enseignements.

L’affluence des assemblées populaires est importante. L’information se développe grâce à la naissance de dizaines de journaux dont la liberté de ton est remarquable, caractérisant cette révolution sociale aux avants postes de la République et des libertés.

Pendant la Commune s’est crée le premier mouvement féminin de masse.
Les femmes réclament le droit au travail et l’égalité des salaires.
La commune reconnaît l’Union Libre. Elle verse aux veuves de fédérés mariées ou non ainsi qu’à leurs enfants légitimes ou naturels une pension.

Pour se situer dans le temps, il faut savoir que ;
 Napoléon III à cette époque avait déclaré la guerre à la Prusse. Il avait été contraint de capituler à Sedan avec une partie de son armée. Bref la France se trouvait dans une situation sociale et économique pitoyable.

Le second empire renversé la République est proclamée le 4 septembre 1870.
La guerre continue, Paris est assiégé durant tout un hiver particulièrement froid.
Les Prussiens occupent la Capitale à partir de Janvier 1871. Ils occupent les forts de la périphérie et instaure le blocus de Paris.

Des élections législatives sont organisées le 8 Février 1871. C’est une majorité monarchiste qui s’en dégage.

Adolphe Thiers dirige alors cette curieuse république. Il est favorable à une paix définitive.
Le 18 Mars 1871 pour éviter toute résistance, l’armée régulière tente de récupérer les canons de la Garde Nationale de Paris stationnés à Montmartre, Aidée des habitants, celle-ci s’y oppose fermement, l’insurrection marque le début de la Commune qui est alors proclamée à Paris.

Jean et Michel viennent d’attraper les pigeons et ont récupéré les messages.

Ils sont rédigés à la hâte et laissent apparaître de tristes nouvelles :

 « le gouvernement s’est retiré à Versailles. Nous avons essuyé des tirs d’artillerie en différents endroits de la Capitale notamment à Châtillon, Asnières, Courbevoie, Neuilly et Vanves.
Dans certains secteurs de la Capitale la bataille fait rage et la résistance faiblie.
Nous avons appris que Thiers a réorganisé son armée pour nettoyer Paris afin d’éliminer tous les communards. Ici et là nous voyons des incendies qui embrasent la Capitale. La répression est forte. Nous sommes courageux, nous résistons. »

Le second message très court traduit l’intensité des combats de rues.
 « Dans cette bataille de rues, les enfants se montrent comme en rase campagne aussi grands que les hommes. A une barricade du faubourg du Temple, le plus enragé des tireurs est un gamin. Nous avons peur. Louise Michel en habit de fédérés et son équipe de femmes se battent avec les hommes. Elles défendent Paris contre les versaillais sur les barricades de la place Blanche. Il y a de nombreux tués ».

Le troisième message est alarmant.
 « La barricade est prise. Tous les défenseurs sont collés au mur. Un enfant à demander à l’officier trois minutes de répit avant d’être exécuté avec ses camarades résistants.
Sa mère habite en face, il a souhaité lui porter sa montre en argent afin qu’elle ne perde pas tout. L’officier visiblement ému l’a laissé partir croyant bien ne plus le revoir.
Trois minutes après il est revenu le torse nu en criant me voilà.
Il a sauté sur le trottoir, s’est adossé au mur près des cadavres fusillés. »
« Nous avons eu la visite de notre poète dessinateur sur étoffe Eugène Pothier qui nous a transmis les paroles de sa dernière composition, un peu comme celles de Vive la Liberté.
Je pense quelle va faire du chemin. Les paroles commencent par ;
Debout, les damnés de la terre
Debout les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère
C’est l’éruption de la faim. »

Ce furent les dernières nouvelles reçues de la part des communards parisiens.

La commune, mes camarades, fût finalement vaincue durant la semaine dite sanglante qui débuta avec l’entrée des troupes versaillaises dans Paris le 21 Mai pour s’achever avec les derniers combats au cimetière du Père Lachaize le 28 Mai.

Thiers bénéficiera des bonnes grâces de Bismarck qui libèrera 60 000 prisonniers de guerre qui viendront s’adjoindre aux 12 000 soldats dont il disposait pour mettre fin aux poches de résistance.

Les témoins évoquent tous des exécutions sommaires de la part des troupes versaillaises.
Selon les sources 10 000 à 25 000 exécutions sommaires, viols, meurtres d’ouvriers ont été commis durant la semaine sanglante.

La répression des communards fût féroce près de 10 000 condamnations à mort, 4 000 déportations au bagne de Nouvelle Calédonie.

La basilique du Sacré Cœur de Montmartre à Paris fût construite à partir de 1873 par l’Eglise et l’Etat pour entre autre « expier les crimes de communards ».

Le mouvement est alors décapité, la commune devient un nouveau mythe fondateur que nous devons profondément respecter, en effet ; « Se révolter c’est avant tout exister, trouver en soi l’élan vital pour freiner une société déchue et décadente. »

Mes camarades, nous continuerons à défendre la liberté de comportement des femmes et des hommes de notre pays.

Nous ne baisserons pas les bras malgré les attaques.

Nous devons faire renaître l’espoir et rassembler sur le respect des travailleurs, la défense de leurs intérêts dans la droite ligne de l’indépendance et de la liberté syndicale.

Avec courage, détermination et si nécessaire colère faire de Force Ouvrière une organisation syndicale digne de ce nom dans notre pays.

Notre force ; l’indépendance
Notre Outil ; la syndicalisation,

Vive le 1er Mai international et solidaire !
Vive la Cgt-FORCE OUVRIERE !
Vive l’Union Départementale Cgt-FORCE OUVRIERE.