Discours du 1er Mai 2012

, par udfo24

Mes chers camarades,

En ce 1er Mai 2012, l’Union Départementale Force Ouvrière adresse son salut le plus chaleureux, le plus fraternel et sa solidarité à l’ensemble des travailleurs de France, d’Europe et du monde entier.
Ce doit être une journée de mise en avant des revendications et d’expression de la solidarité internationale.

Je vous remercie d’avoir répondu présents pour témoigner de votre solidarité envers l’ensemble des salariés qui souffrent dans leur quotidien mais aussi vers ceux que les gouvernements oppressent, condamnent, dont ils remettent en cause leurs droits y compris celui de s’organiser en syndicat.

Dans de nombreux pays les autorités publiques, les entreprises ont continué de se servir de la crise pour affaiblir, bafouer les droits syndicaux et recourir largement aux démantèlements des syndicats. Il s’agit d’actes de harcèlement, d’intimidation, de persécution et dans le pire des cas, d’arrestations, de menaces de mort et d’assassinats.

Mes chers camarades, j’ai utilisé à plusieurs reprises le mot solidarité pour marquer et condamner les forces autoritaires ou totalitaires qui continuent de cibler les activités syndicales conscientes que les syndicats sont en première ligne dans le combat pour la liberté et la démocratie.
Des milliers de travailleuses et de travailleurs réclament leur dû, leurs salaires, contestent leur licenciement, les agressions et le harcèlement au travail.

Il ne se passe pas une journée sans que les salariés prennent rendez-vous avec la commission juridique pour demander réparation.
Je voudrais rappeler à ce sujet un article que j’avais rédigé ayant pour titre : « mourir au travail ».
« Un titre qui choque. Force est de constater qu’au 21éme siècle les conditions de travail sont telles que l’on peut mourir au travail.
Vincent est né le 25 Avril 1967 à Périgueux. De retour dans son département, il va trouver un emploi de chef cuisinier dans un hôtel restaurant de notre cher Périgord.

Consciencieux il va se donner à fond dans son métier qu’il adore.
Il ignore que son employeur est un négrier des temps modernes.
Il va travailler à raison de 400 heures par mois sans prendre un jour de congé ou de récupération.
Sa mère alertera l’inspection du travail.

Son état de santé va vite se dégrader. Il va consulter un médecin qui souhaitera l’arrêter.
Par conscience professionnelle, Vincent va refuser de s’arrêter de travailler en raison du commencement de la saison touristique en Dordogne.
Par force, il revient consulter le médecin le 30 Juin qui va lui prescrire un arrêt de travail jusqu’au 9 Juillet.

Vincent présentera son arrêt à son employeur. La réponse de ce dernier sera de congédier son chef de cuisine en précisant qu’il n’avait pas pour habitude de gérer un hôtel de convalescence.

Vincent, le soir même, se rendra chez un ami à Périgueux pour trouver du réconfort. Il décèdera d’épuisement, le 1er Juillet, dans son véhicule à 6h30, place de la Clautre.

Vincent ne buvait pas, ne se droguait pas……

En ma qualité de secrétaire de l’Union Départementale Force Ouvrière de la Dordogne, il était de mon devoir de dénoncer cet employeur responsable de la mort de Vincent.
Non seulement il n’a pas respecté le droit du travail, le droit social, mais il a tué un homme qui avait un seul défaut celui d’aimer son travail.

Je ne peux pas accepter qu’au nom du profit, que dis- je du super profit, un homme puisse décider de la vie ou de la mort d’un de ses salariés…… »

L’article se poursuit. Bien entendu je le tiens à votre disposition si vous le souhaitez.

Je suis en mesure de vous donner également lecture du jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance de Bergerac :
 Sur l’action publique le Tribunal déclare l’employeur coupable des faits qui lui sont reprochés ( non respect du code du travail, et du code de la sécurité sociale, travail illicite sous déclaré aux organismes sociaux) condamne l’intéressé à la peine de deux mois d’emprisonnement dit qu’il sera sursis à l’exécution de la peine d’emprisonnement qui vient d’être prononcée contre lui n’étant qu’indirectement responsable du décès du salarié.
 Sur l’action civile il convient de déclarer l’employeur coupable, responsable du préjudice subi, attendu qu’en l’état des justifications produites au débat le tribunal dispose d’éléments d’appréciation suffisants pour fixer à 2000 euros la somme à allouer.

Je vous laisse apprécier le jugement rendu et dans quelles conditions je me suis trouvé pour expliquer à la mère et à la sœur ses fondements.
Elles répétaient sans cesse 2000 euros et deux mois d’emprisonnement avec sursis c’est trop peu pour la vie d’un homme.
Aux dernières nouvelles l’employeur poursuivrait son activité dans un autre établissement et aurait récidivé.

Cet employeur méprisable salit toute une corporation et démontre une fois de plus que les salariés sont considérés comme des pièces d’un puzzle appelé rentabilité et non pas comme des êtres humains qui à ce titre, dans le pays des droits de l’homme, doivent être respectés conformément aux lois et textes en vigueur.
Nous devons plus que jamais être vigilants afin de dénoncer « haut et fort » les assassins potentiels de demain.

Mes camarades celui qui combat peut perdre mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.
C’est par une syndicalisation et une formation forte que nous réussirons à mettre un terme à de tels agissements.

Mes camarades entre les deux tours des élections présidentielles le combat continue.
Ce 1er Mai 2012 est l’occasion de réaffirmer notre volonté de ne pas faire payer la crise aux salariés sous une forme de règle d’or ou d’une loi de programmation.
C’est l’occasion de renouveler notre opposition à la TVA sociale face aux menaces qui se profilent contre notre protection sociale.

Mes camarades l’austérité n’est ni de droite, ni de gauche, ni syndicale.

Ce 1er Mai est aussi pour nous l’occasion de rappeler nos revendications en matière d’augmentation des salaires, des retraites, de défense des services publics et de lutte à mener contre la RGPP, de défense de l’emploi contre la désindustrialisation et les délocalisations.

Au moment où madame Parisot considère que la prochaine étape des réformes doit être celle de la Sécurité Sociale, il nous faut reconquérir la Sécu de 1945 qui prenait le malade en charge du début jusqu’à la guérison.

Le mécanisme européen de stabilité financière appelé plus communément MES à ne pas confondre avec MNS a été adopté grâce à l’abstention des sénateurs.
Il est à noter que l’UD avait alerté tous nos députés et sénateurs départementaux sur les conséquences de la mise en place d’un tel traité pour les salariés, retraités et demandeurs d’emploi de notre pays.

Imposé par l’Union Européenne, il a pour but et pour chaque pays de corriger par des actions systématiques le déficit dépassant le seuil autorisé.
Cela passe par la possibilité de baisser les retraites, les traitements des fonctionnaires, arrêter les hospitalisations non urgentes.
Ce ne sont pas des « on dit » ce traitement a été imposé chez nos voisins grecs.

Maastricht autorisait un défit limité à 3% du PIB ce sera désormais 0,5% et ce à moyen à terme c’est-à-dire dans deux ou trois ans.
Concrètement en France le déficit autorisé ne pourra excéder 10 milliards d’euros.
Il s’élevait à 90,8 milliards en 2011. Il devra donc être réduit de 80 milliards.

Un autre traité pose problèmes, il s’agit du TSCG, traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance.
Il a été signé le 2 Mars 2012 à Bruxelles.
Il prévoit la fin de la liberté de la négociation syndicale en matière de contestation de suppressions des postes de fonctionnaires, d’attaques contre les retraites, ou l’accès aux soins.

Ces deux traités conduisent à plus d’austérité et à créer clairement une Europe des sanctions.
Le dernier Comité Confédéral des 22 et 23 Mars 2012 s’est opposé aux traités susvisés appelés plus communément Projet de Règle d’Or.

En cas de référendum, notre organisation appellerait à voter NON.
Ces deux traités ne sont ni amendables ni aménageables. Ils doivent être rejetés
Accepter cette logique serait accepter en France un super plan d’austérité.

La TVA SOCIALE a été adoptée par le Parlement le 29 Février 2012.
A compter du 1/10/2012 les entreprises bénéficieront d’une suppression ou d’une réduction de la cotisation familiale de 5,4%.
Pour financer cette mesure le taux de la TVA normale de 19,6% passera à à 21,2%.
La TVA sociale a le même mode opératoire que celui de la TVA classique.
Il convient de rappeler que le taux de la TVA à taux réduit est passé de 5,5% à 7% sur de nombreux produits nécessaires à la vie quotidienne.

L’argument du gouvernement pour mettre en place cette TVA est celui de la compétitivité des entreprises françaises.
Faux problème, car depuis 1990 le poids des cotisations sociales a baissé de 17 points ce qui a permis aux patrons de bénéficier à ce jour de 317 milliards d’euros d’exonération de cotisations patronales.
Cette TVA est un impôt supplémentaire indirect, non progressif que l’on doit toujours garder à l esprit.
On a quelques difficultés à comprendre comment en augmentant la TVA dite sociale pour compenser une réduction des cotisations patronales cela permettrait aux français d’acheter plus et d’acheter français.
C’est prendre un peu les travailleurs pour des idiots.
Le but est simplement de faire un transfert du coût du travail à hauteur de 13 milliards d’euros vers ….. ceux qui génèrent la valeur ajoutée !

On marche totalement sur la tête et il devient urgent de réagir.
Cette taxe sociale n’est ni plus ni moins que le troisième plan de rigueur. Le plus dur et le plus terrifiant pour les classes populaires, pour les classes moyennes et pour les retraités parce qu’il va toucher tout le monde. La réalité c’est que l’allègement des charges sera à nouveau uniquement sur les cotisations patronales.

Mes camarades les dépenses publiques et sociales sont indispensables au fonctionnement de notre pays y compris pour créer de la croissance, de l’emploi, de l’attractivité, pour augmenter les salaires, pour lutter contre les inégalités ou encore pour éviter un endettement privé massif des entreprises et des particuliers.

Avec fermeté et détermination, Force Ouvrière s’oppose à cette règle d’Or qui viendrait constitutionnaliser la rigueur, remettre en cause la démocratie et la liberté de négocier, servir de prétexte pour interdire l’aboutissement des revendications et plomber durablement toutes avancées collectives et sociales.
Face à ce projet Force Ouvrière appose ses revendications pour l’augmentation des salaires, pour l’emploi, pour les services publics des trois versants de la fonction publique, pour l’arrêt immédiat des mesures d’austérité et de la RGPP, pour l’abrogation des contre-réformes notamment en matière de retraite et de protection sociale.

Mes Très chers camarades avant de terminer mon propos je vous propose de rendre hommage à des camarades qui ont marqué l’histoire du mouvement syndical.
L’année 2012, au cours du mois de Mars, a honoré les femmes aussi je vous propose quelques lignes sur les femmes pendant la Commune.
Il est à noter qu’un correspondant du Times a déclaré en parlant de la Communarde : « Si la nation française ne se composait que de femmes, quelle terrible nation ce serait ».

Ces quelques lignes sont extraites du livre « Hommes et Choses de la Commune » de Maurice Dommanget –Edition de la Coopérative des Amis de l’Ecole Emancipée.

Pendant la Commune, les femmes de la classe ouvrière furent en général, admirable d’ardeur et de dévouement.
Le 18 Mars, ce furent des femmes qui décidèrent de la journée en se portant vers les soldats, en les poussant à lever la crosse en l’air et à fraterniser. Durant toute la commune, elles se jetèrent en nombre impressionnant dans la fournaise. C’est bien pourquoi les calomnies, les mensonges, ont été accumulés sur leur compte.
Beaucoup plus que les communards elles ont été salies, flétries, marquées au fer rouge et c’est le signe éclatant de leur participation active à la Révolution du 18 Mars.
On les traitait de femelles, de louves, de mégères, de soiffardes, de pillardes, de buveuses de sang. On les montrait se distinguant de bonne heure par leurs mauvais instincts, leur conduite immorale.
Les plus en vue, les plus cultivées étaient traitées de femelles littéraires, institutrices déclassées, laiderons furibondes.
Nombreuse furent les femmes qui apportèrent spontanément leur aide dans leur combat contre les Versaillais. On voyait de braves ouvrières porter aux tranchées la soupe et le linge de leurs pères ou de leurs époux.
Celles qui n’étaient pas retenues à la maison par les soins du ménage restaient parfois à côté du compagnon. En outre les bataillons fédérés étaient toujours accompagnés de cantinières et d’ambulancières.
C’est que les femmes de la Commune ne s’arrêtaient pas à mi-chemin. Elles entendaient servir la Révolution les armes à la main. La sainte fièvre qui brûlait leur cœur les poussait à faire le coup de feu. Le 12 Avril un groupe de citoyennes lançait appel, il déclarait sans ambages :
« Préparons nous à défendre et à venger nos frères ! Aux portes de Paris, sur les barricades, dans les faubourgs, n’importe ! Soyons prêtes au moment donné à joindre nos efforts aux leurs…..Et si les armes et les baïonnettes sont toutes utilisées par nos frères, il nous reste des pavés pour écraser les traites !..... »
Louise Michel affirme qu’alors plus de dix mille femmes, éparses ou ensemble, combattirent pour la liberté.

Voilà, il y aurait tant d’autres belles choses à dire sur le combat des femmes pendant cette période mais le temps d’expression comme vous le savez est strictement comptabilisé.

Je retiendrai de cette glorieuse période la phrase :
« Soyons prêtes au moment donné à joindre nos efforts… »
Cette volonté, cet engagement doit être le notre celui de donner pour défendre les intérêts des salariés mais aussi des citoyens de notre pays.

Ce 1er Mai, mes camarades, est aussi l’occasion de rappeler que le rôle du syndicat est bien de défendre les garanties collectives et individuelles des salariés.
Mes camarades, nous continuerons à défendre la liberté de comportement du syndicat et à recourir à l’action quand elle est nécessaire.

Cher camarade, avant de terminer mon propos, je voulais vous souhaiter une excellente soirée et un bon repas fraternel.

Vive le 1er Mai International et Solidaire ;
Vive l’Union Départementale Force Ouvrière,
Vive la Cgt-FORCE OUVRIERE.


LE SECRETAIRE GENERAL
JACQUES PAULIAT